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Toute une histoire…

L’unité propre de recherche (UPR 9022) du CNRS, « Modèles Insectes d’Immunité Innée », est l’un des trois laboratoires de l’Institut de Biologie Moléculaire et Cellulaire, institut Fédératif du CNRS localisé sur le campus central de l’Université de Strasbourg. Cet institut abrite 180 personnes, dont une cinquantaine travaillent sur la réponse immunitaire.

La recherche de l’UPR 9022 se concentre au niveau cellulaire et moléculaire sur les performances de la défense antimicrobienne chez la Drosophile, un modèle qui a émergé au cours des vingt dernières années pour l’étude de l’immunité innée. L’UPR 9022, qui a contribué de manière significative à ce champ d’étude, à un réseau étendu de collaborations avec des groupes travaillant sur l’immunité innée d’autres systèmes, en particulier chez les mammifères.

InsectariumNous retraçons ci-dessous brièvement l’histoire de notre laboratoire, ce qui nous permet également de rendre hommage à ceux qui nous ont guidés, à des titres divers, vers les travaux actuels. Cette histoire remonte à la création du Laboratoire de Biologie Générale à l’Université de Strasbourg en 1919. Ce laboratoire fut implanté à l’Institut de Zoologie et eut comme premier directeur Eugène Bataillon à qui succéda en 1923 Edouard Chatton. A partir de 1933, Louis Bounoure assura la direction du laboratoire jusqu’à son départ à la retraite en 1955. C’est son successeur, Pierre Joly, qui imprima au laboratoire son image de centre de recherche en biologie des insectes. Pierre Joly avait fait sa thèse, sous la direction de Pierre-Paul Grassé à Paris et à Roscoff, sur le contrôle endocrine de la reproduction du dytique. Il développa par la suite à Strasbourg des recherches sur l’endocrinologie des insectes en choisissant comme modèle le criquet migrateur, Locusta migratoria. Cet insecte se prête admirablement bien à l’expérimentation et une série de thèses realisées sous la direction de P. Joly établirent le rôle des centres neurosécréteurs médiocérébraux, des corpora allata, des corpora cardiaca et des glandes prothoraciques dans le contrôle de la reproduction et/ou du développement, de l’adaptation chromatique, du comportement grégaire.

P. Joly soupçonnait la glande prothoracique de secréter l’ecdysone, hormone stéroïde qui venait d’être isolée par Peter Karlson en Allemagne. P. Joly proposa alors à J. Hoffmann de partir en stage post-doctoral dans le laboratoire de P. Karlson à Marburg pour se familiariser avec les études biochimiques portant sur l’ecdysone. Le laboratoire, dirigé par J. Hoffmann s’est engagé par la suite dans des études sur la biosynthèse, le métabolisme et le mode d’action des hormones de mue et de métamorphose (ecdystéroïdes). Une grande partie de ces études qui se sont étalées sur près de 20 ans, furent faites en association avec le laboratoire de Guy Ourisson à l’Institut de Chimie à Strasbourg. Le matériel biologique restait le criquet migrateur, dont les centres endocrines, et notamment les glandes de mue, sont de grande taille et se prêtent bien à ce type d’études.

En 1969, le laboratoire de Biologie Générale était associé au CNRS sous le sigle « Biologie Humorale des Insectes ». Alors que la plupart des chercheurs du laboratoire consacraient leurs travaux a l’endocrinologie des insectes, un groupe plus restreint, autour de Jean-Marc Reichhart et de Danièle Hoffmann se lançait dans l’étude des réactions antibactériennes chez les Diptères.

En 1991, le laboratoire, dont le sigle d’association avait été modifié en « Endocrinologie et Immunologie des Insectes » en 1984, était amené à faire un choix entre ces deux orientations. Ayant montré dès 1990 que des peptides antibactériens isolés initialement chez des larves du Diptère Phormia terranovae, étaient également synthétisés chez la drosophile, les efforts du laboratoire ont été recentrés sur l’étude de la réponse immunitaire des insectes en choisissant la drosophile comme modèle. Les autorités de tutelle ont soutenu ce choix, qui fut entériné par une nouvelle association du laboratoire au CNRS en 1992, cette fois-ci sous le sigle « Bases Cellulaires et Moléculaires de la Réponse Immunitaire des Insectes ».

Claude Paoletti, Directeur du Département des Sciences de la Vie, en accord avec Gilbert Laustriat, Président de notre Université, a proposé en 1994 un déménagement du laboratoire à l’Institut de Biologie Moléculaire et Cellulaire avec la création d’une Unité Propre de Recherche du CNRS portant sur la réponse immunitaire de la drosophile en tant que modèle de l’évolution de la réponse innée.

Le contrat de notre Unité fut renouvelé en 1998 et en 2002, puis en 2006 et 2009 sous la direction de Jean-Marc Reichhart, assisté de Charles Hetru et en 2013 et 2017 sous la direction de Jean-Luc. Les travaux actuels restent focalisés sur la réponse immunitaire de la drosophile mais nous avons réalisé en 2002 l’implantation d’une nouvelle équipe s’intéressant au contrôle de la capacité vectorielle de l’anophèle et obtenu en 2009, la création d’une équipe Avenir Inserm autour de Hiddehiro Fukuyama étudiant la maladie d’Alzeimer dans un modèle Drosophile. Jules Hoffmann, nommé Directeur de Recherche émérite, continue de s’intéresser aux travaux du Laboratoire.