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L’immunité innée, qui forme la première ligne de défense contre les infections chez tous les animaux, repose sur des familles de récepteurs baptisés « pattern recognition receptors » ou PRR, qui reconnaissent des motifs moléculaires caractéristiques. Dans le cas des virus, qui exposent peu de cibles au système immunitaire, ce sont en général les acides nucléiques, ADN ou ARN, qui sont reconnus. Ainsi, chez les mammifères, des PRR de la famille des Toll-like receptors (TLRs) ou de celle des RIG-I-like receptors (RLRs), alertent la cellule sur la présence d’ARN ou d’ADN dans leur cytoplasme. En outre, l’enzyme cGAS détecte la présence d’ADN dans le cytosol des cellules, ce qui déclenche la production d’un dinucléotide cyclique (DNC), le 2’3′-cyclic GMP-AMP (2’3′-cGAMP). Celui-ci va activer la production d’interférons en se fixant à la protéine STING. cGAS appartient à une vaste famille de protéines présentes à la fois chez les procaryotes et les eucaryotes, mais on ignorait jusqu’ici la fonction des protéines apparentées à cGAS chez les animaux.

En collaboration avec les équipes de Rune Hartmann à Aarhus et Philip Kranzusch à Harvard, l’équipe de Jean-Luc Imler et Hua Cai a montré que chez la mouche drosophile ces récepteurs sont activés par des ARNs et sont impliqués dans l’immunité antivirale en produisant un nouveau type de DNC, 3’2′-cGAMP. Ces travaux, publiés côte à côte dans la revue Nature, mettent en évidence une nouvelle famille de PRR, les cGAS-like receptors (cGLRs). Ils montrent que ces récepteurs peuvent reconnaitre autre chose que l’ADN et produire des messagers alternatifs au 2’3′-cGAMP. Ils ouvrent des perspectives intéressantes pour la caractérisation des autres membres de cette famille chez les mammifères, et notamment chez l’Homme, chez qui un de ces gènes est fréquemment muté dans les cellules cancéreuses.

La voie cGAS-STING régulant l’induction des interférons chez les mammifères et la voie cGLR-STING découverte chez la drosophile. Les résultats obtenus suggèrent l’existence d’autres récepteurs cGLRs chez les animaux, dont la fonction reste à caractériser.

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