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Les moustiques Aedes sont les principaux vecteurs du virus de la dengue (DENV) et d’autres arbovirus, dont le virus Zika (ZIKV), pour lesquels on ne dispose à l’heure actuelle ni de vaccin, ni de traitement antiviral. La compréhension des facteurs qui influent sur la transmission des arbovirus des moustiques aux humains est donc une priorité car elle pourrait guider la mise en œuvre de mesures de santé publique susceptibles de limiter, voire même de prévenir les épidémies. Dans une étude publiée le 5 janvier 2023 dans la revue Nature Microbiology (https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36604511/), les chercheurs de l’équipe de Joao Marques à l’Institut de Biologie Moléculaire et Cellulaire à Strasbourg (CNRS UPR9022-ERL INSERM U1257) et à l’Université Fédérale du Minas Gerais à Belo Horizonte au Brésil décrivent la collection de virus (le virome) présents chez 800 moustiques collectés dans 6 pays et 4 continents. Ils identifient 12 virus spécifiques d’insectes et montrent que deux d’entre eux augmentent la multiplication des virus de la dengue et Zika et leur transmission aux mammifères. Le mécanisme impliqué révèle un nouveau facteur cellulaire détourné par les arbovirus dans les moustiques.

Le moustique Aedes aegypti est notoirement capable de transmettre les virus responsables de la dengue, du Zika, de la fièvre jaune et du chikungunya. Dans la nature, ces moustiques suceurs de sang entrent en contact avec les virus après avoir piqué un individu infecté. Après la période d’incubation extrinsèque, c’est-à-dire le temps écoulé entre l’acquisition du virus par le moustique et la libération effective du virus infectieux dans la salive, ils peuvent transmettre le virus à un autre hôte en se nourrissant de son sang. Ce cycle peut être affecté par divers facteurs tels que la virulence des virus en circulation, la génétique de la population de moustiques, la composition du microbiote, ou même par d’autres virus infectant simultanément le moustique. Dans ce travail, nous montrons que deux virus spécifiques aux insectes présents dans le monde entier, le virus Humaita-Tubiacanga (HTV) et le virus Phasi Charoen-like (PCLV), interagissent positivement avec le virus de la dengue (DENV) et le virus Zika (ZIKV) chez le moustique Ae. aegypti. Cette interaction entraîne une augmentation des charges de DENV et de ZIKV et un raccourcissement de la période d’incubation extrinsèque, ce qui accélère la transmission du virus du moustique à un autre mammifère et peut avoir un impact sur la progression des épidémies de maladies transmises par les Aedes.
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