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Le 5 mars 2021, nous avons appris la bouleversante disparition de Brice Felden, Professeur de Biochimie et Biologie Moléculaire à la faculté de Pharmacie de l’université de Rennes-1, et directeur du l’unité INSERM U1230 « ARN régulateurs bactériens et médecine ».

Brice est arrivé à l’IBMC dans l’unité (UPR 9002 CNRS) dirigée alors par Bernard Ehresmann, en 1991 après avoir réussi brillamment ses études de Pharmacie à Nancy (Thèse en 1992) et avec le désir de développer un projet relié au décodage de l’information génétique et avec une perspective à long terme de trouver de nouvelles stratégies à visée thérapeutique. Cette idée de combiner recherche fondamentale, appliquée et clinique l’a accompagné tout au long de sa carrière. Il a rejoint pour son stage de DEA, Eric Westhof avec qui il s’est familiarisé sur les règles de repliement et de modélisation de l’ARN et poursuivi sa thèse (soutenue en 1994 et couronnée par le Prix de meilleure Thèse de l‘université de Strasbourg) en collaboration avec Richard Giegé, Catherine Florentz et Eric Westhof, où il a exploré le mimétisme structural des extrémités 3’ de divers génomes d’ARN de virus de plantes avec les ARNt. Dès cette époque, Brice a été continuellement un pourvoyeur d’hypothèses et de conjectures qu’il a toujours soumis à expérimentation. Un exemple emblématique a été la prédiction, puis la démonstration de l’activité d’un système d’aminoacylation basée sur un ARN circulaire en interaction avec un oligonucléotide accepteur d’histidine (remarqué par un commentaire élogieux de Paul Schimmel dans PNAS). Fort d’une reconnaissance internationale naissante et d’une expertise multidisciplinaire, il a rejoint en 1996 le laboratoire de John Atkins et de Ray Gesteland aux Etats Unis (université d’Utah) où il a décidé d’étudier le tmARN, un ARN multi-fonctionnel dont la fonction dans le contrôle de qualité des protéines chez les bactéries venait d’être résolu. Par une analyse phylogénétique, il a résolu le repliement de l’ARNtm qui reste une étude précurseur dans ce domaine. Revenu en France après six années, il obtient un poste de Professeur à l’âge de 32 ans à l’université de Rennes où il monte son équipe sur la trans-traduction bactérienne et où il a apporté des contributions marquantes quand à la reconnaissance du tmARN par le ribosome en collaboration avec Reynald Gillet et Venki Ramakrishnan. Brice voulait cependant se tourner vers les bactéries pathogènes avec la conviction qu’en étudiant la fonction et le mécanisme d’action de nouveaux ARN non codants, il arriverait à trouver des stratégies innovantes pour concevoir de nouveaux antibiotiques. Ce projet a reçu un soutien fort de l’INSERM en 2004 où il a su fédérer autour de lui un ensemble de chercheurs aux compétences multidisciplinaires pour parvenir à résoudre la fonction de plusieurs ARN non codants dans diverses bactéries pathogènes dont Staphylococcus aureus, à identifier de nouvelles toxines régulées par des ARN antisens, et à mimer ces petits peptides avec des activités anti-microbiennes si prometteuses. Nous garderons de Brice le souvenir d’un chercheur chaleureux, imaginatif et débordant d’idées, curieux, passionné et grand producteur de connaissance.

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